Je pense à vous, chers amis.
Que vous soyez… chrétiens tièdes, agnostiques hésitants, ou athées militants — vous êtes entrés dans la grande épreuve : Vous êtes maintenant face à votre mort prochaine .
Mais oui ! je pense que vous venez de le comprendre,
malgré le fatras médical, malgré les illusions factices,
au milieu des tracas épuisants vains et douloureux de cette dernière lutte, …
…vous savez que vous allez mourir, …
…dans quelques mois, dans quelques semaines, dans quelques jours peut-être.
Si j’avais du courage, je devrais aller vous parler…
Mais je n’ai pas ce courage là , alors, ( moi qui vais mourir aussi prochainement, je ne sais quand…) je me contente de vous écrire.
Et je voudrais que nous disions ici quelques mots, et peut-être, si vous le voulez, quelques prières ensemble, balbutiées et timides…devant le mystère de la dernière porte.
Si Dieu existe, que voulez-vous lui dire ?
Version San Antonio : Lorsqu’il panique face à la mort
(devant un malfrat qui le menace de son méchant flingue )
le commissaire San Antonio invente fébrilement cette jolie prière ultime :
« Mon Dieu ! Vous me connaissez ! …je ne suis pas très sûr de croire en vous, !
mais c’est pas important ! L’important, à ce moment, c’est que VOUS, …vous croyiez vraiment en MOI ! »
Il a raison, sanA !
Dieu, s’il existe, n’est pas « le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. »
Dans ton angoisse, il te suit des yeux sans cesse :
Il croit en TOI. Il te connait.
Depuis 13,7 milliard d’années,
il a minutieusement réglé et fait fleurir le Cosmos… pour TOI.
Il a élaboré lentement l’édifice fragile et merveilleux de la vie, … pour TOI,
pour que tu viennes au monde, avec ton regard étonné, tes admirations, tes amours, tes questions…
Tu es unique ! Tu es important pour lui !
Il t’a voulu et pensé… avant même que tu naisses.
Il t’a fait (un peu) à son image… libre, créateur, aimant.
C’est pour cela qu’il t’a confié la CREATION,
pour que, modestement, tu y mettes ta marque, toi aussi..
Que tu la fasses fleurir, que tu t’efforces de la rendre belle…
Il t’ a confié LES AUTRES, tes frêres animaux, tes semblables humains,
pour que tu les aimes, que tu les réconfortes, que tu les consoles, que tu les fasses rire !
Il ne t’a pas fait pour LA MORT.
Il t ‘a laissé tout ce temps pour que tu achèves sa Création, que tu y participes,
que tu apprennes à aimer…
il a partagé ta peine, tes angoisses, tes solitudes,…
il veut maintenant te donner le repos et la Paix, avec lui, en lui.
Et il veut que, maintenant, tu participes avec lui à une grande aventure,
ce qu’on appelle la mystérieuse communion des saints.
Il veut que tu ne te sépares plus jamais de ceux que tu aimes.
Il veut que tu retrouves ceux que tu as aimés et perdus.
Il veut que tu travailles avec lui…
pour préparer une place à tous ceux qui vont te voir partir, ailleurs…
Il veut que maintenant tu ne les quittes plus des yeux,
que tu les inspires, que tu les protèges.
Ecoute ce que chante la IXe symphonie de Beethoven : Seid umschlungen, millionnen !
Entrez dans la Joie, millions d’êtres, …créés par l’Amour, pour l’Amour.
C’est cela le MYSTERE LUMINEUX
que l’on ne peut découvrir qu’au delà de la dernière porte.
Il t’y attend. Il te connait. Il t’aime !
Il a toujours respecté TA LIBERTE.
Tu peux refuser d’entrer avec lui dans le royaume de l’Amour
et t’obstiner à préférer le néant.
Pour t’ouvrir grand ses bras de père, il a besoin de ton OUI.
Je connais ton angoisse…
Comme la petite Thérèse de Lisieux, après son agonie douloureuse, tu paniques : « Comment fait-on pour mourir ? Est-ce que je vais savoir mourir ? »
Il faut faire comme elle, la petite Thérèse, se jeter avec confiance dans les bras grands ouverts qui nous attendent :
» Je ne meurs pas. J’entre dans LA VIE. »

Jean-François Millet – Le ciel étoilé
Cher ami ! Voila ce que je t’aurais dit…
…si j’avais eu le courage d’aller te parler, toi qui vas mourir bientôt.
Si c’est MOI qui meurs avant toi, ( et si donc, c’est moi qui panique le premier… )
je compte sur toi…
pour me rappeler toutes ces vérités lumineuses, sans laquelle LA VIE n’aurait aucun sens.
Michel MINC
(Lettre ouverte à tous ses copains, pour quand ils vont mourir )
• Saint Jean de la Croix : » Je crois seulement… qu’un grand amour m’attend »
Puisqu’on parle aujourd’hui de notre mort prochaine…
…je crois que c’est le moment de lire et relire ce beau poème de Saint Jean de la Croix,
le grand poète mystique espagnol, qui a réformé le Carmel au XVIe siècle, avec Sainte Thérèse d’Avila.
Soyez consolés ! Lui aussi, malgré des années de méditation mystique,
il n’en sait guère plus que nous…sur LE GRAND ET DOULOUREUX MYSTERE DE LA MORT,
…mais je crois qu’il en a compris l’ESSENTIEL.
Ce qui se passera de l’autre côté,
quand tout pour moi sera basculé dans l’Eternité…
Je ne sais pas !
Je crois, je crois seulement
qu’un grand Amour m’attend.
Je sais pourtant qu’alors, pauvre et dépouillé
je laisserai Dieu peser le poids de ma vie.
Mais ne pensez pas que je désespère…
Non, je crois, je crois tellement
qu’un grand Amour m’attend.
Maintenant que mon heure est proche,
que la voix de l’Eternité m’invite à franchir le mur,
ce que j’ai cru, je le crois plus fort au pas de la mort.
C’est vers un amour, que je marche en m’en allant,
c’est vers son amour que je tends les bras,
c’est dans la Vie que je descends doucement.
Si je meure, ne pleurez pas,
c’est un Amour qui me prend paisiblement.
Si j’ai peur…et pourquoi pas ?
Rappelez-moi souvent, simplement,
qu’un Amour m’attend.
Mon Rédempteur va m’ouvrir la porte de la joie,
de sa Lumière.
Oui, Père ! voici que je viens vers toi comme un enfant,
je viens me jeter dans ton Amour,
ton Amour qui m’attend.
St Jean de la Croix