Fête de laTransfiguration… …abandon des certitudes matérialistes scientistes ?

Scientisme, matérialisme, Positivisme et …Transfiguration

Ah ! le bon temps… où l’on pouvait être serainement, et confortablement matérialiste, rationaliste, et scientiste…
En 1900, comme la matière était encore rassurante. 
Elle était éternelle, inébranlable, opaque. 
Epicure et Démocrite l’avait chantée. Elle était faite de boules de billards solides qui s’entrechoquaient depuis toujours, et se renvoyaient l’énergie éternellement. Dans un espace immuable, chacune d’elles parcouraient ces belles trajectoires mathématiques que le démon de Monsieur Laplace rêvait de pouvoir noter et d’inventorier minutieusement pour tout savoir et tout comprendre du Passé et de l’Avenir. En 1900, nous disait Monsieur Lord Kelvin, enfin, la physique était achevée. Il n’y avait plus grand chose à trouver. 
En 1900, nous disait Monsieur Viviani, la Raison humaine avait éteint, pour toujours, dans le Ciel, les étoiles de la superstition. Et nul n’allait plus jamais pouvoir les rallumer.

Comme vous aviez raison de faire confiance à la Raison humaine, Monsieur Viviani !
Ce n’est pas elle qui vous a trahi. C’est la matière elle-même. 
C’est la Matière qui nous échappe aujourd’hui. Elle est devenue beaucoup trop belle pour se laisser enfermer dans vos minutieux calculs d’ingénieurs et vos prévisions d’artilleurs… 
Courtisée par des jeunes fous qui s’appelaient Heisenberg, Schrödinger, Dirac, Dame Matière est devenue transparente, changeante, plus imprévisible et mystérieuse que jamais on n’aurait pu l’imaginer…
Mais oui ! la matière, au XXe siècle, est devenue coquette. 
Il suffit qu’un physicien quantique la regarde pour qu’elle change d’attitude,…
Mais oui ! C’est bien connu : la première chose qu’elle remarque chez un homme, c’est … s’il la remarque. 

Qu’est-ce que la Matière que nous observons ? Qu’est-ce que la Lumière ? 
Dans notre Présent, sommes- nous reliés au Passé et à l’Avenir ?  

Quel est le dialogue entre le REEL et notre conscience ?
Le peintre et le physicien se posent les mêmes questions… Albert Einstein et Giovanni Bellini.  
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux »

La matière lourde, opaque, inerte de 1900… est devenue à partir de 1930, 
un édifice mystérieux, en dialogue avec nous.
Monsieur Hubble et Monsieur l’Abbé Lemaitre nous l’ont révélé :
La matière a une histoire, comme nous ! 


elle a donc un passé, que nous pouvons déchiffrer et avec lequel nous dialoguons;
elle est devenue notre mère, puisque nous sommes « poussières d’étoiles ».
et… (désolé Monsieur de Laplace ! ) la Matière n’a pas d’avenir ! 
Elle n’a pas d’avenir prévisible, puisque cet avenir n’est pas encore inventé…
puisque nous sommes nous aussi conviés, en ce présent qui coule entre nos mains, de participer à cette invention de l’Avenir.

Si vous êtres pas convaincus de tout cela, nous y reviendrons abondamment… quand nous méditerons sur l’Histoire de la Révolution quantique et la Cosmogénèse…
Mais aujourd’hui, c’est tout cela qu’il faut avoir présent à l’esprit lorsque nous fêtons LA FÊTE DE LA TRANSFIGURATION.

Je me souviens de me stupeur, en parcourant distraitement le grand couloir du Musée Correr qui surplombe la place Saint Marc, à Venise, de découvrir brutalement cette apparition… l’intrusion du surnaturel et de l’Eternité dans l’histoire des hommes : La transfiguration de Giovanni Bellini (1480)
On pense à Bergson : « l’Univers est une machine à faire des Dieux ! »

Qu’est-ce que LA TRANSFIGURATION ? 

Les trois évangiles synoptiques nous en parlent…Mt 17,1-9 , Mc 9,2-9, Lc 9,28-36 
et malgré l’affolement et la stupeur qui avaient saisi les apôtres, 
car Pierre ne savait ce qu’il faisait tant était grande sa frayeur…) 
les trois récits concordent… Relisons les !

Matthieu 17 -01 
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.

Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.

Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

Luc 9-27 
Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu. »
Luc 9-28
Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.
Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie,apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul.
Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

Marc 9,2-9
Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.

The Transfiguration of Christ Giovanni Bellini, c. 1487 Musée du Capodimonte à Naples

Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

Ils se demandaient entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts »
Nous aussi, gens du XXIe siècle, nous voudrions bien comprendre les rapports mystérieux entre le Temps et l’Eternité… entre notre vie brêve et l’Histoire cosmique…
Giovanni Bellini nous fait ici une belle méditation sur la Ressurrection du Christ, le matin de Päques. 
Que s’est-il passé exactement pour bouleverser ainsi les soldats de la garde, 
quelle est la réaction nucléaire qui a irradié et roussi le linceul de Turin ?

Que signifie LA TRANSFIGURATION ?

Je fouille dans les trésors de ma bibliothèque, 
et je découvre ce texte génial d’un THEOLOGIEN ARABE.  
Il s’appelle Jean Mansour, Mansour ibn Sarjoun… 
Vous ne le connaissez pas ?
Il est pourtant devenu DOCTEUR DE L’EGLISE 
et les orthodoxes comme les catholiques le vénèrent comme un saint et un Père de l’Eglise.
On l’appelle JEAN DE DAMAS, ou JEAN DAMASCENE

Jean Damascène est né dans une famille chrétienne syriaque éminente de Damas au viie siècle
Son grand-père, Mansour, était chargé de la collecte des impôts de la région par l’empereur Héraclius. À la prise de la ville par les troupes arabo-musulmanes en 635, il resta en poste dans la nouvelle administration, comme nombre de fonctionnaires chrétiens. 
Le père de Jean, Serge (ou, en arabe, Sarjoun ibn Mansour) servit lui aussi les califes musulmans : il percevait des taxes dans l’ensemble du Moyen-Orient. Il obtint des califes omeyyades qu’ils épargnent à Damas la basilique Saint-Jean-Baptiste ; toutefois, l’édifice fut transformé en mosquée 70 ans après la conquête musulmane. 
Sarjoun eut deux fils, dont celui qui devait être connu comme « Jean Damascène »
Après la mort de son père, Jean a également servi un haut officier à la Cour du califat omeyyade avant de devenir moine à Jérusalem.

Jean de Damas – Homélie pour la fête de la Transfiguration

Il y a beaucoup à dire sur ce texte magnifique… On en reparlera 

Jadis, sur le mont Sinaï, la fumée, la tempête, l’obscurité et le feu (Ex 19,16s) révélaient la condescendance extrême de Dieu, annonçant que celui qui donnait la Loi était inaccessible…et que le créateur se faisait connaître par ses oeuvres. 
Mais maintenant tout est rempli de lumière et de splendeur. 
Car l’artisan et le Seigneur de toutes choses est venu du sein du Père. 
Il n’a pas quitté sa propre demeure, c’est-à-dire son siège dans le sein du Père, mais il est descendu pour être avec les esclaves. 
pour que Dieu, qui est incompréhensible pour les hommes, soit compris.
Il a pris la condition de serviteur, et il est devenu un homme en sa nature et en son comportement (Ph 2,7),
pour que Dieu, qui est incompréhensible pour les hommes, soit compris. 
Par lui-même et en lui-même, il montre la splendeur de la nature divine.
      Autrefois Dieu avait établi l’homme en union avec sa propre grâce. 
      Autrefois Dieu avait établi l’homme en union avec sa propre grâce. 
Quand il a insufflé l’esprit de vie au nouvel homme formé de terre, quand il lui a communiqué ce qu’il avait de meilleur, il l’a honoré de sa propre image et ressemblance (Gn 1,27). 
Quand il a insufflé l’esprit de vie au nouvel homme formé de terre, quand il lui a communiqué ce qu’il avait de meilleur, il l’a honoré de sa propre image et ressemblance (Gn 1,27). 
Il lui a donné l’Eden comme demeure et a fait de lui le frère intime des anges. 
puisque nous avions obscurci et fait disparaître l’image divine sous la boue de nos désirs déréglés
Mais puisque nous avions obscurci et fait disparaître l’image divine sous la boue de nos désirs déréglés,
le Compatissant est entré dans une seconde communion avec nous, beaucoup plus sûre et plus extraordinaire que la première. 
Tout en demeurant dans l’élévation de sa divinité, il accepte aussi ce qui est en dessous de lui, créant en lui-même l’humain ; il mêle l’archétype à l’image, et aujourd’hui il montre en elle sa propre beauté. 

      Son visage resplendit comme le soleil, car dans sa divinité il est identifié avec la lumière immatérielle ;
c’est pour cela qu’il est devenu le Soleil de justice (Ml 3,20). 
Mais ses vêtements deviennent blancs comme la neige,
car ils reçoivent la gloire par revêtement et non par union, par relation et non par nature. 
Et « une nuée de lumière les couvrit de son ombre », rendant sensible le resplendissement de l’Esprit. 
Saint Jean de Damas (v. 675-749), moine, théologien, docteur de l’Église 
Homélie pour la fête de la Transfiguration ; PG 96, 545 (trad. Bellefontaine 1985, coll. Spi. Or. n°39, p. 191 rev.)

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